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« Soyons vivants »

Aujourd’hui, je veux vous raconter une anecdote chère à mon coeur, qui m’a marqué à jamais. Vous la retrouverez, parmi d’autres, dans mon livre « Le Grand (R)Eveil ». Voici la présentation du livre de Guillaume Corpard.

« Les voyages forment la jeunesse, dit-on ! En ce qui me concerne, ils m’ont aidé à me retrouver autrement. Tant d’autres humains m’ont fait face ! Toutes ces couleurs, ces visages… Ces âmes en chemin ! Et moi qui passais comme le vent, avec mes certitudes, mon enthousiasme, mes souffrances et mes interrogations ! Je passais au milieu des Vies et des monastères, des pyramides et des forêts, des océans et des enfants… À force de rencontres humaines et animales, à force de villes et de paysages, les voyages m’ont poli, m’ont poli encore. Je me suis senti tout petit et très grand. Tout petit de moi-même et très grand des autres. Les voyages m’ont assoupli et redressé en même temps.

La première image qui me vient en tête en vous écrivant est celle d’une dame tibétaine arpentant le chemin de prière autour du temple du Dalaï Lama, à Dharamshala. Ce sentier, situé dans les contreforts himalayens, en Inde du Nord, est un lieu sacré. J’arrivais tout droit d’Europe, empli de joie et de théories. J’aimais déjà ce soleil, ces montagnes, et ces gens étonnants qui priaient pour le Monde. Et voilà que, sourire aux lèvres, je prenais ce chemin sacré… à l’envers ! Aux côtés de mon ami, je me réjouissais et méditais en marchant, sous les fanions colorés flottant dans le vent. Nous avancions à contresens sans le savoir, croisant des moines vêtus de rouge, de jaune et de rose, tenant des moulins à prières dans leur main et faisant rouler les 108 perles de leurs chapelets entre leurs doigts. Il y avait aussi un certain nombre de nonnes et de civils, jeunes ou vieux. Prier ou méditer est une seconde nature, chez les Tibétains ! Sur ce chemin, les odeurs de résine et de terre sèche montaient à nos narines, portées par une brise tiède venue de la vallée. Parmi nous, il y avait quelques chiens, des singes et des vaches. Je me souviens également de grands rochers, ornés de mantras et de symboles peints avec des couleurs vives.

Et alors, qu’arriva-t-il ? Croyez-vous que l’on nous corrigea pour cette marche prise à contresens ? Pensez-vous que l’on rouspéta après nous ? Les deux jeunes Européens que nous étions étaient simplement heureux de marcher dans un lieu si pleinement chargé d’énergies. Une petite dame tibétaine sortit soudainement de sa marche méditative en me voyant et vint à ma rencontre avec détermination : je croyais qu’elle comptait me demander de l’argent (comme le font parfois les Indiens auprès des touristes) ou bien qu’elle s’apprêtait à se plaindre de quelque chose. Mais non. Au contraire ! Elle me sourit simplement, comme on peut sourire quand on aime radieusement, et me serra dans ses bras avec tellement d’Amour qu’aucun mot ne fut utile entre elle et moi ! Quoi ? On distribuait ainsi de l’Amour, gratuitement, comme ça ? Elle repartit aussi sec, se plongeant de nouveau dans ses prières, comme si de rien n’était. Quel accueil, en ce premier jour indien de ma Vie ! Cette femme, je ne l’ai jamais oubliée. Elle est devenue une mère pour moi, un modèle si élevé, une source d’Inspiration ! Être vivant, c’était ça ? Cette pureté et cette énergie de l’Amour étaient quelque chose que je ne connaissais encore que très théoriquement. Cette Joie partagée, cette tendresse inconditionnelle : voilà que cela était possible, sur Terre ! Ce simple élan du cœur a été pour moi le plus grand enseignement, le plus important. Certes, se nourrir des paroles d’un Sage ou d’un Maître est on ne peut plus précieux ! Cela est même, à mes yeux, irremplaçable. Mais l’enseignement de cette femme sur ce chemin de prière fut très concret pour moi. Aimer simplement, entourer de ses bras, ne pas reprocher d’être à contre-sens mais embrasser en vue d’attirer l’attention, et, enfin, souhaiter le meilleur à un inconnu de passage, sans rien attendre en retour : voilà qui est parfait. Nul mot supplémentaire n’est nécessaire. D’ailleurs, la barrière de la langue nous aurait empêchés d’aller plus loin, elle et moi. J’y repense aujourd’hui encore, les larmes aux yeux. »

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