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François Gourdon est entré dans la mémoire de Villennes

Légende : l’ancien maire de Villennes-sur-Seine a été un bâtisseur et explorateur infatigable. RIP

Cet article est issu de celui qui avait été publié en avril 2015 dans le Journal des deux rives, après la présentation, par François Gourdon, du livre qu’il avait rédigé quelques mois après la fin de sa fonction de maire de Villennes. Le titre, qui était presque le même que celui-ci, commençait toutefois par « Avec son livre, ». Presque dix ans plus tard, mais beaucoup trop tôt, François Gourdon est, définivement, entré dans la mémoire de Villennes et des Villennois.

Le livre qui relate 25 années de la vie villennoise

Un an après la fin de son quatrième et dernier mandat de maire de Villennes, François Gourdon avait présenté son livre : Un village en bord de Seine – Un quart de siècle de Villennes sur Seine 1989 – 2014.

Les historiens locaux évitent, habituellement, de traiter les périodes les plus récentes. Les successeurs de ceux de Villennes pourront utiliser cet ouvrage, très documenté, lorsqu’ils voudront évoquer l’évolution de leur village au cours de la transition du XXe siècle au suivant.

Le texte de la « quatrième de couverture » résume l’ouvrage :

« François Gourdon, ingénieur, chef d’entreprise, est élu maire de Villennes-sur-Seine en mars 1989 et le restera quatre mandats successifs avant de se retirer en mars 2014. En parallèle à la présidence du Comité 21 et à la direction de sa société spécialisée dans l’environnement, il mène tambour battant tout au long de ce quart de siècle une rénovation totale du centre-ville, informatise la mairie, développe les infrastructures scolaires, associatives, culturelles, sportives…

Le village se transforme dans les domaines de l’environnement, de l’économie, de l’urbanisme et se modernise : nouveaux services mis en place pour les enfants et les aînés, protection du patrimoine, sensibilisation à l’art et développement de la culture, expositions, rencontres, animations, renforcent encore le charme exceptionnel et la qualité de vie du village.

Un village tourné vers l’avenir, avec des ressources foncières importantes et le lancement de zones commerciales et économiques créant des emplois. Un village qui a pu être protégé et garder son identité singulière au moment de l’entrée incontournable en intercommunalité et de la perte progressive de son autonomie. Rien ne sera plus comme avant !

Aussi fallait-il laisser une trace et remercier les Villennois de leur appui et de leur compréhension durant toutes ces années de chantiers. François Gourdon a rédigé ce livre pour eux, recensant et relatant les principaux événements et avancées ponctuant ce quart de siècle, pour qu’il reste une mémoire du village et de sa transformation, du bicentenaire de 1989 à l’entrée dans le XXIe siècle. »

En ouverture, selon son habitude mais pour la dernière fois, François Gourdon nous distillait une maxime chinoise :

« Avec le temps et la patience, la feuille du murier devient de la soie » (Lao Tseu).

Six chapitres nous mettent en mémoire les réalisations dont l’auteur a été le principal acteur :

  • Le village au bord du fleuve ;
  • Un patrimoine protégé et l’art présent à Villennes ;
  • Préserver l’environnement et l’esprit du village ;
  • Une place pour tous dans le village ;
  • Un village sportif ;
  • Un village d’avenir.
    Chacun est complété par un résumé chronologique des principaux faits marquants.

L’ancien maire a choisi quelques Villennois pour apporter leur propre témoignage, en complément. Le livre se termine par la liste, avec leurs photos, de tous les élus municipaux au cours des quatre mandats consécutifs et par des images de deux évènements : la remise, en septembre 2014, du titre de maire honoraire par Gérard Larcher, président du Sénat, et la fête qu’avait organisée le personnel communal lors de son départ.

« Comme les plumes dans le vent, les paroles s’envolent ; celles qui sont imprimées s’inscrivent dans le marbre ». Ce n’est pas une autre maxime chinoise, mais un constat des contraintes de ce genre d’exercice qui soumet la mémoire à divers filtres. Si François Gourdon pouvait reconnaître, en privé, quelques erreurs, notamment dans l’organisation de sa succession, celles-ci ne transparaissent pas dans son ouvrage. La saga du mouton qui, depuis 2006, avait longtemps défrayé la chronique villennoise n’y a pas été évoquée.

Un maire bâtisseur et chineur
Ici, nous ne faisons pas référence à la Chine des proverbes mais au goût de notre ancien maire pour l’acquisition d’antiquités dont il a fait profiter la commune pour l’embellir.

L’ouvrage décrit de nombreux aménagements d’espaces publics, la construction, l’extension et la rénovation de divers bâtiments communaux.

Il montre, également, divers « objets », ayant vécu dans un autre cadre, qui ont été acquis à l’initiative du maire pour s’intégrer dans le paysage de Villennes en tant que nouveaux éléments de son patrimoine :

  • Une ancre marine à l’entrée du chemin des Pêcheurs ;
  • Une statue de la Vierge contre un mur de l’église ;
  • Une fontaine, composée d’un bassin et d’un angelot de marbre blanc, et une tonnelle dans le parc Fauvel.

Le livre mentionne la toute dernière acquisition : le cheval en bronze placé devant le vallon de Marolles, que l’auteur nomme désormais « Le Pré aux chevaux »… ainsi qu’une halle de Baltard n’aurait pas été bien adaptée pour abriter le marché. François Gourdon en a fait construire une sur le modèle de celle qu’il avait repérée dans le bas de l’avenue des Champs-Elysées.

François Gourdon a voulu faire partager à l’éditeur le fait que de nombreuses touches artistiques avaient été dénichées dans des lieux improbables ; elles ont été le fruit d’un chineur qui, restant en lien avec son village, les a découvertes de manière opportune au cours de ses pérégrinations.

Les échanges entre l’auteur du livre et son éditeur
L’éditeur, accompagnateur de l’écriture
Ce qualificatif est celui que Franck Jaén a choisi pour désigner une partie de ses activités. Fondateur et dirigeant d’Ankora Editions, il avait accepté de nous raconter comment il avait vécu la réalisation de l’ouvrage de François Gourdon. Celle-ci avait été assez rapide, ayant réellement commencé en septembre 2014, après le choix de l’éditeur au mois de mai précédent.

L’influence de l’éditeur sur le livre
François Gourdon aimait bien écrire pour concrétiser sa pensée. Le plus souvent, son texte était fluide et coulait de source ; parfois, il a fallu, un peu, revenir dessus pour la construction des phrases, en faisant un peu d’élagage, mais les idées étaient là. Pour le reste du livre, la méthode a consisté en des entretiens avec les témoins. Après écriture de leurs textes en fonction de la ligne éditoriale, ceux-ci leur ont été proposés afin qu’ils puissent se les approprier, les valider ou préciser les points à retravailler. Seul le format devait être unique, afin d’assurer la cohérence ; le ton de chaque témoin lui était propre afin qu’il s’exprime comme il le souhaitait. Les résultats des entretiens, d’environ une heure, ont produit très peu de « déchets » car Franck Jaén les avaient préparés en construisant l’histoire, parfois au cours d’une rencontre préalable.

Avec François Gourdon, cette méthode n’avait pas été nécessaire. Après accord sur le canevas et sur les cinq ou six thématiques à traiter, il avait eu envie de raconter des choses ; libre cours a été laissé à son imagination. Sa très riche expérience lui a permis d’être toujours synthétique, jamais digressif. Le travail de l’éditeur a consisté en quelques recadrages afin de donner le même volume à chaque chapitre. L’ancien maire avait, encore, des idées très fraîches de ses 25 années municipales. Avant d’arriver au format choisi pour le livre, l’idée initiale de l’auteur était de compiler toutes les Lettres de Villennes. Ce principe a été conservé pour les chronologies, complétant les narrations thématiques qui sont plus intemporelles. François Gourdon avait fait quelques vérifications de dates mais il avait, étonnamment, tout présent en mémoire.

Le travail de l’éditeur, assurant la direction artistique souvent confiée à une autre personne, a été d’organiser le texte en chapitres et de faire des propositions de maquettes ; celles préférées par François Gourdon ont été mises en forme par un graphiste-maquettiste. Franck Jaén a, également, réalisé quelques photos ; habitant à Villennes, il a préféré les faire plutôt que de les rechercher.

Sur la question du caractère très positif de l’ensemble du livre, l’éditeur a mentionné que deux des conflits que François Gourdon avait eu à affronter sont évoqués, de façon très claire, dans le livre. Notamment, a été relatée la manifestation à propos de la construction du parking ; c’était la première qui avait eu lieu à Villennes, depuis 1792. « Les détracteurs se chargeront de rectifier le tir, chacun étant libre d’écrire un livre allant à l’encontre de celui-là ».

L’éditeur a estimé qu’il avait été sollicité pour ses idées, pour son sens artistique mais aussi pour son sens critique qu’il a pu exercer librement. Il a exposé les raisons du succès de ce projet : « La collaboration a vraiment bien marché, sans tempête ni coup de vent. François Gourdon a suivi le dossier de façon très présente mais juste comme il faut. C’est quelqu’un qui m’a fait confiance et que je tenais informé de l’évolution du projet, avec qui j’étais en contact en permanence.»

Une autre collaboration de l’auteur et de l’éditeur, a été la distribution d’exemplaires du livre dans des boîtes à lettres de Villennois qui n’en avaient pas reçu.

L’influence du livre sur l’éditeur
En participant à la création de cet ouvrage, Franck Jaén a beaucoup appris sur Villennes et sur la chose publique. Il a bien apprécié le compliment d’un ami : « Ce bouquin reconcilie avec le fait politique ». L’éditeur a découvert certains aspects de la fonction de maire. Alors qu’il y a, actuellement, un fort dénigrement des politiciens, le maire est celui qui est le plus proche de ses concitoyens ; il est obligé d’agir, en tenant compte de tout le monde. Que sa personne soit appréciée ou non, un maire s’engage, investissant beaucoup de son temps. Cette notion de lien entre les politiques et les citoyens lui plaisant assez, il souhaitait orienter la ligne éditoriale de sa société dans ce sens. Croyant encore à l’action politique, quand de bonnes choses sont faites par des gens qui donnent de leur temps, il ne mettrait, toutefois, « pas de lunettes roses, car tout n’est pas très bien » ; dans ce cas, il faudrait dénoncer les choses.

Quand le projet du livre avait commencé, ne sachant pas où il allait, l’éditeur avait perçu qu’il aurait à réaliser, avec un vrai plaisir, un travail d’ensemblier : vingt-cinq ans d’histoire étaient à raconter ; il était face à un homme qui avait été extrêmement actif. Bien que présent depuis près de vingt ans à Villennes, il n’en connaissait pas un cinquième. Le livre lui a permis de découvrir, à nouveau, le village dans lequel il vivait ; il s’est alors dit qu’il n’avait pas envie de le quitter. Il a été conduit à rencontrer des gens qu’il n’avait auparavant que croisés (tels que le rédacteur de ces lignes). Ces contacts lui ont donné la possibilité de connaître le village, non seulement de l’extérieur, mais également de l’intérieur. Aurait-il pris le même plaisir dans un autre endroit ? Franck Jaén a affirmé qu’il avait trouvé sa place en contribuant à ce bouquin.

Très attaché à la notion de territoire, il s’était rendu compte que la grande difficulté, pour les élus, est d’en conserver l’esprit tout en le faisant avancer avec le temps. « Le défi est de préserver un village avec tout ce qu’il a de plus sympa, la convivialité, l’environnement, tout en continuant à le faire progresser vers l’avenir. » Le livre ayant montré que cela avait été bien fait à Villennes, Franck Jaén a eu envie de développer cette activité auprès des villes et des villages. Toutefois, n’était-ce pas une histoire d’hier ? Ce qui avait été fait dans les 25 années avant 2015 ne serait plus possible avec l’évolution de l’intercommunalité.

Contribution de Michel Kohn

Maire de Villennes-sur-Seine pendant 25 ans, de 1989 à 2014, François Gourdon est décédé mardi 19 novembre 2024 à l’hôpital d’Ajaccio.

(Communiqué du 22 novembre 2024 de la mairie de Villennes-sur-Seine)

Premier édile pendant un quart de siècle et 4 mandats, instigateur de dizaines de projets qui ont accompagné
l’évolution de Villennes, François Gourdon a marqué la commune par son dévouement et son engagement au service de ses habitants. Sa disparition laisse un grand vide dans la commune où les drapeaux ont été mis en berne et où un registre de condoléances est mis à disposition en mairie pour ceux qui souhaitent exprimer leur soutien et partager leurs souvenirs. À l’annonce de son décès sur les réseaux sociaux de la commune, les témoignages qui n’ont cessé d’affluer sont unanimes sur la marque qu’il laissera à Villennes.

« Il a transformé Villennes tout en préservant son esprit si spécifique »
« François Gourdon laisse aux Villennois un héritage indélébile, souligne Jean-Pierre Laigneau, maire de Villennes-surSeine. C’était un visionnaire, toujours avec des projets plein la tête. En 25 ans, il a transformé Villennes tout en préservant son esprit si spécifique, participant grandement à l’évolution de la commune et à son aménagement au service des Villennois. Il était aussi entreprenant en tant que maire qu’en tant que chef d’entreprise. »
En décembre 2014, François Gourdon avait été reçu au Sénat par son président, Gérard Larcher, qui l’avait nommé maire honoraire de Villennes-sur-Seine. Lors de la cérémonie des vœux du maire en 2015, il avait reçu la médaille de la ville des mains de son successeur et ancien adjoint, Michel Pons. En 2015 toujours, François Gourdon avait publié un ouvrage, intitulé Un Village en bord de Seine 1989-2014, dans lequel il revenait sur ses mandats et relatait l’évolution de la commune. Tiré à 2 500 exemplaires, il avait été distribué gratuitement aux habitants.

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