Mort au travail, pourquoi cette indifférence générale
Mort au travail à la cantine de Poissy : en finir avec l’indifférence et la désinvolture patronale, gouvernementale mais aussi médiatique
Ce lundi 25 novembre 2024, à 7 heures du matin, le corps d’un employé (en sous-traitance) de la cantine du lycée Charles-de-Gaulle de Poissy est retrouvé par ses collègues, il s’agit très probablement d’un suicide. Même si aucune lettre n’a pour l’instant été retrouvée, le choix de son lieu de travail pour se donner la mort n’est jamais anodin.
Comme toute mort au travail, cette disparition, en tant que travailleurs et travailleuses et en tant que syndicalistes nous révolte et nous scandalise…
Mais, scandalisé·es et révolté·es, nous le sommes aussi par le traitement médiatique de cette affaire par le Parisien Yvelines qui choisit de conclure son article du 25 novembre de cette manière : « Dans un classement établi par Le Parisien en 2023, le lycée Charles-de-Gaulle de Poissy figurait parmi les meilleurs établissements des Yvelines, avec un taux de réussite de 98 % au bac. »
Est-ce ainsi que ce drame doit être relaté ?
D’autres chiffres n’auraient-ils pas eu toute leur place dans dans cet article ?
L’union syndicale Solidaires 78 rappelle que chaque année, 1 million de travailleurs et travailleuses sont victimes d’accidents du travail, plus de 800 personnes perdent leur vie à leur travail en France – soit plus de 2 morts par jour – un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Dans son enquête sur le sujet, Matthieu Lépine, que Solidaires 78 avait invité à Limay, rappelle que, en Europe, « c’est en France qu’on meurt le plus au travail avec 3,53 accidents mortels pour 100 000 personnes en activité. »
Depuis 2 ans l’Union syndicale Solidaires 78 a mené un travail d’information, de sensibilisation et de mobilisation sur ce sujet encore tabou et trop souvent relégué à la rubrique « faits divers » alors qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un enjeu social et politique.
Construisons la riposte
Mais nous ne voulons plus commémorer les morts·es au travail, nous voulons les empêcher et en finir avec l’impunité patronale et managériale. Ils et elles doivent rendre des comptes. Nous voulons aussi alerter sur le traitement médiatique de cette « hécatombe invisible » qui ne relève pas de la rubrique « Faits divers » ni d’une auto-promo malsaine comme cette évocation totalement déplacée du classement des lycées du Parisien…
Quand un·e journaliste meurt, dans l’exercice de son métier, à travers le monde, donne-t-on le chiffre de ventes de son journal ou les parts d’audience du média pour lequel il ou elle travaille ?
On ne doit jamais mourir au travail. Ce n’est pas une fatalité, mais pour cela il faut s’organiser et se mobiliser collectivement.
Communiqué de l’Union syndicale Solidaires 78, le 26 novembre 2024