Permis de construire inextricable

par | mercredi 2 octobre 2024 | Immobilier

Copy­right Freepik

Le per­mis de con­stru­ire (PC), out­il du quo­ti­di­en de l’urbanisme, est un baromètre pluri­sec­to­riel : du secteur de la con­struc­tion, de la mise en œuvre de la poli­tique en faveur de la tran­si­tion écologique et de l’évolution de la fis­cal­ité. L’approche retenue par les juri­dic­tions finan­cières dans cette enquête est celle de la qual­ité de ser­vice ren­du aux deman­deurs d’autorisations du droit des sols (péti­tion­naires). Pour appréci­er cette per­cep­tion par l’usager, il con­vient de pren­dre en compte le con­texte mou­vant et strat­i­fié du droit de l’urbanisme, dont le per­mis de con­stru­ire con­stitue une éma­na­tion, mais aus­si les modal­ités com­plex­es de la mise en œuvre des poli­tiques publiques locales en la matière. L’enquête a fait le choix de présen­ter cet univers où le droit en vigueur, en con­stante évo­lu­tion, se con­cilie quelques fois dif­fi­cile­ment avec les enjeux des poli­tiques locales. Les maires accor­dent une grande impor­tance à cette prérog­a­tive, leur per­me­t­tant de garder un lien direct avec les péti­tion­naires et la poli­tique urban­is­tique de leur com­mune. À peine 0,3 % des com­munes ont accep­té de déléguer leur com­pé­tence à une inter­com­mu­nal­ité en matière de sig­na­ture des autori­sa­tions de per­mis de con­stru­ire. Le présent rap­port décrypte l’environnement du per­mis de con­stru­ire, qui peut être qual­i­fié « d’inextricable » pour des péti­tion­naires qui s’engagent dans un pro­jet immo­bili­er qui est par­fois celui d’une vie.

Le per­mis de con­stru­ire, la tra­duc­tion locale d’un droit de l’urbanisme com­plexe, onéreux et opaque

En matière d’urbanisme, l’organisation de chaque ter­ri­toire est sim­i­laire, mais les dif­férences de moyens et de com­pé­tences qui y sont déployés sont impor­tantes. L’élab­o­ra­tion des doc­u­ments d’ur­ban­isme, tels que le plan local d’urbanisme (PLU), est si com­plexe qu’elle frag­ilise leur sécu­rité juridique. L’ur­ban­isme génère un impor­tant con­tentieux, représen­tant env­i­ron un tiers des ressources des tri­bunaux admin­is­trat­ifs. Bien que les délais d’in­struc­tion en matière d’attribution d’un per­mis de con­stru­ire soient générale­ment respec­tés, la demande fréquente de pièces com­plé­men­taires peut créer de la con­fu­sion chez les péti­tion­naires. Du côté des pro­fes­sion­nels, les démarch­es sont de plus en plus com­pliquées, avec des résul­tats aléa­toires dépen­dant de volon­tés locales. La délivrance des autori­sa­tions d’urbanisme présente des biais que la présente enquête met en exer­gue. On retrou­ve l’apparition, notam­ment envers les pro­mo­teurs immo­biliers, d’un urban­isme négo­cié ou con­traint à tra­vers les « chartes de l’urbanisme », ou, pour les péti­tion­naires par­ti­c­uliers, des deman­des de pièces com­plé­men­taires non oblig­a­toires lors de l’instruction des dossiers. Con­cer­nant la mise en œuvre des doc­u­ments d’urbanisme, le para­doxe prin­ci­pal se trou­ve être celui d’une inadéqua­tion entre le temps long des procé­dures d’adoption ou d’évolution des doc­u­ments d’urbanisme, et le temps court de l’action publique locale. De fait, le péti­tion­naire se trou­ve pris en étau entre ces deux réal­ités. Sans remet­tre en cause le bien-fondé d’une poli­tique locale d’urbanisme, l’enquête relève l’utilisation de vecteurs extra-légaux pour men­er ces poli­tiques qui rend la sécu­rité juridique de l’ensemble hasardeuse. L’application du droit des sols, plus que jamais indis­pens­able à la maîtrise de la con­som­ma­tion d’espace et d’énergie comme à la préven­tion des risques de toute nature, appa­raît vic­time de son développe­ment sans approche glob­ale. Alors que le nom­bre de per­mis de con­stru­ire délivrés est au plus bas, et qu’une per­for­mance accrue appa­raît néces­saire pour réguler la con­som­ma­tion d’espace, les con­stats de l’enquête des juri­dic­tions finan­cières révè­lent un véri­ta­ble décalage. D’une part entre un droit de l’urbanisme com­plexe et insta­ble, met­tant en œuvre locale­ment des procé­dures lour­des et onéreuses et, d’autre part, le con­stat d’une faible intel­li­gi­bil­ité pour les péti­tion­naires, issu de la mul­ti­pli­ca­tion, par les élus eux-mêmes, de straté­gies de con­tourne­ment et, au final, d’un respect par­fois relatif de la norme applic­a­ble.

Sim­pli­fi­er et ren­dre plus trans­par­ent le par­cours des deman­deurs d’autorisations d’urbanisme

L’empilement de lég­is­la­tions mêlant plusieurs codes (urban­isme, envi­ron­nement, con­struc­tion etc.) com­biné avec l’obligation de mise en com­pat­i­bil­ité des dif­férents doc­u­ments de plan­i­fi­ca­tion urbaine, crée une com­plex­ité et une insécu­rité juridique per­ma­nente pour tous les acteurs de la chaîne d’instruction des déci­sions d’urbanisme (péti­tion­naires indi­vidu­els ou pro­fes­sion­nels, élus locaux, ser­vices décon­cen­trés de l’État, etc.). Les évo­lu­tions con­stantes de l’état du droit et la longueur des procé­dures per­me­t­tent aux requérants con­tes­tataires de dis­pos­er de straté­gies mul­ti­ples de recours, qui con­ges­tion­nent les tri­bunaux et peu­vent débouch­er sur des déci­sions d’annulation des doc­u­ments d’urbanisme de référence au niveau local.

L’élaboration et l’adoption des doc­u­ments d’urbanisme con­stituent un poste impor­tant de dépens­es à la charge des col­lec­tiv­ités locales, voire des péti­tion­naires. Pour l’élaboration d’un doc­u­ment d’urbanisme la dépense se chiffre en cen­taines de mil­liers d’euros. Les cas observés présen­tent des dépens­es com­pris­es entre 400 000 et 9 mil­lions d’euros. Aucun état ana­ly­tique de ces coûts n’est disponible dans les col­lec­tiv­ités analysées. Le par­cours d’instruction des autori­sa­tions d’urbanisme est perçu par le péti­tion­naire comme un chem­ine­ment com­pliqué avec un nom­bre exigeant de pièces à fournir, dont il ne maîtrise sou­vent ni la tech­nic­ité, ni les sur­coûts afférents. De sur­croît, les pra­tiques récentes des col­lec­tiv­ités locales en matière de chartes d’urbanisme et de labels, con­traig­nent le péti­tion­naire à chem­iner hors du champ stricte­ment légal et à par­ticiper à un dia­logue d’experts avec les élus pour lequel il n’est pas tou­jours en posi­tion équili­brée. Au sein des ser­vices de l’État, comme au sein des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, la fil­ière d’emplois gag­n­erait à être ren­for­cée en matière de for­ma­tion et de recon­nais­sance pro­fes­sion­nelle pour attir­er de nou­veaux tal­ents. Sur le fonde­ment de l’ensemble de ces con­stats, qui por­tent sur l’efficacité et l’efficience d’un dis­posi­tif com­plexe, la Cour et les cham­bres régionales des comptes for­mu­lent sept recom­man­da­tions classées en qua­tre caté­gories : clar­i­fi­ca­tion, amélio­ra­tion, sim­pli­fi­ca­tion, sécuri­sa­tion.

Enfin une ressourcerie dans la Confluence !

Enfin une ressourcerie dans la Confluence !

Depuis janvier 2023, le projet judicieux d'une ressourcerie dans le territoire est de la Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise a fait l'objet de négociations entre les élus, les propriétaires immobiliers et l'association porteuse du projet, FéliCité. Cette...

Réfugiés : accueil et information dans les Yvelines

Réfugiés : accueil et information dans les Yvelines

Le Réseau Éducation Sans Frontières des Yvelines (78)  a mis à jour les permanences des associations dans les Yvelines. Mise à jour le 2 octobre 2024 LUNDI  -Versailles (Dom'asile)  de 10h à 12h à l'Ermitage, 23 rue de l'Ermitage, - bus 2 – Arrêt...

Triel : un conseil municipal insupportable !

Triel : un conseil municipal insupportable !

Au conseil municipal de Triel, il règne une ambiance délétère depuis que le maire Cédric Aoun a perdu sa majorité. (Photo J2R) Le conseil municipal de Triel-sur-Seine, le 25 septembre 2024, était court par rapport aux années 2000, mais il est devenu insupportable pour...

Immobilier, un marché en convalescence

Immobilier, un marché en convalescence

(Source : FNAIM )Le plus dur est sans doute passé sur le marché immobilier, mais il convient de rester patient car les cycles de l’immobilier sont longs et la capacité d’achat des acheteurs n’est pas encore pleinement restaurée. Les quelques signaux positifs observés...