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Une Île de désolation et non pas « de Love »

Le 10 septembre, le maire de Verneuil-sur-Seine a tiré un bilan à sa manière de cet événement culturel, le Karukera One Love Festival sur l’Île-de-loisirs du Val de Seine.

Le weekend dernier s’est déroulé le Karukera One Love Festival sur l’Île-de-loisirs du Val de Seine. Voici la tribune de Fabien Aufrechter, maire de Verneuil-sur-Seine. Ce texte est repris de la page FB de l’auteur avec sa permission.

Pour mémoire, les organisateurs avaient pris contact avec le syndicat mixte de gestion de l’Île-de-Loisirs en fin 2024. Je crois avoir été le premier -avant même cette prise de contact- à encourager l’organisation d’évènements sur cet espace. Et c’est pour cette raison qu’en décembre dernier, j’ai voté favorablement à l’accord de principe donné pour réfléchir à l’organisation de cet évènement à Ville de Verneuil 78 – d’autant que pour le syndicat mixte de gestion de l’Île-de-Loisirs, la recette potentielle de 80 000€ n’était pas neutre.
J’y avais posé de suite deux conditions qui ne figurent pas au procès-verbal : que la date ne coïncide pas avec celle du forum des associations de notre ville. Et que le dispositif notamment de sécurité (mais aussi technique) soit à la hauteur de l’évènement. Mon vote a aussi été guidé par le fait que l’évènement nous a été alors présenté comme annulable en cas de défaillance organisationnelle, notamment par la Préfecture.
Dans la foulée, l’Île-de-Loisirs a proposé un échange avec le syndicat de gestion de l’aérodrome. L’objectif de ce rendez-vous devait être de voir comment mettre le terrain de l’aérodrome à disposition des festivaliers pour créer un camping et un parking. Une fois les détails de cette demande reçues, mon collègue et Président du SIVU François Garay n’a pas donné suite à la demande de rendez-vous. Il nous est en effet apparu très inopportun pour des questions de sécurité (mais aussi des questions d’entretien) de mettre l’aérodrome à disposition de ce festival.

En transparence, j’ai donc cru pendant un temps qu’à la suite de la réponse de l’aérodrome, le festival n’aurait pas lieu à Verneuil (faute de solution réelle pour le stationnement ; et faute de toute prise de contact de la part du festivalier). Mais j’ai découvert à la fin du printemps que celui-ci semblait être maintenu, en recevant les détails du dispositif prévu. C’est là que je suis tombé de ma chaise : ce sont plus de 30 000 festivaliers qui étaient soudainement annoncés avec un saut à l’élastique et une scène sur l’eau. Mais aussi des solutions de camping et de stationnements qui ne semblaient plus correspondre à la réalité du terrain.
Après avoir alors reçu et travaillé le dossier (par ailleurs plus que lacunaire), François Garay et moi nous sommes positionnés très fortement contre le maintien de ce festival. Des évènements sur l’Île-de-loisirs OUI, mais pas à n’importe quel prix ! Cependant, malgré un vote du conseil municipal de Verneuil et de très nombreux échanges avec la Préfecture, il a été impossible d’obtenir l’annulation de l’évènement.
La Préfecture a par contre renforcé le dispositif pour le sécuriser au maximum (scène plus proche de la plage, saut à l’élastique devenu « nacelle volante », etc). Avec côté sécurité, la mise à disposition de CRS, de la BAC, de motards, de la police montée, de nombreux agents de police nationale, de la SUGE, de 172 agents de sécurité privés, de 25 secouristes FFSE, de pompiers, d’un médecin, de 2 ambulances, de 5 maîtres-nageurs, de 6 policiers municipaux, de 2 médiateurs municipaux, d’un vidéo opérateur au CSU municipal et d’élus.
Ce dispositif peut sembler impressionnant. Il a été en réalité tout juste suffisant pour garantir la sécurité de l’évènement qui finalement a accueilli environ…7000 festivaliers samedi et 10 000 dimanche (4 fois inférieur aux chiffres initialement communiqués).

Ce dispositif couplé à une bonne météo et au plus faible nombre de festivaliers a permis de limiter les risques et d’éviter que le weekend ne tourne au cauchemar. Je tire d’ailleurs vraiment mon chapeau à l’ensemble des forces de l’ordre qui ont été plus qu’exemplaires ; je dirais exceptionnels. Mais hélas aucun dispositif ne pouvait avoir la prétention de tout absorber : atteintes à la pudeur, alcool, stupéfiant, nuisances sonores et vibrations, pollution et dégradation des espaces naturels, etc. Et surtout, plus grave, il n’aura pas empêché plusieurs faits de violences dont une rixe au couteau et une tentative d’enlèvement.

Pour toutes ces raisons, j’espère que toutes celles et ceux qui auront défendu ce festival sauront prendre leurs responsabilités. Et qu’il ne sera pas question d’une seconde édition de cet évènement sur notre territoire.
Car oui, notre Île-de-loisirs mérite une nouvelle dynamique. Mais ni au prix de tant de nuisances, ni au prix d’une image aussi dégradée pour les habitants de notre territoire.
Depuis l’élection de ma collègue maire de Morainvilliers Fabienne Devèze, à la Présidence de notre Île-de-Loisirs, nous avons déjà subis un camp Roms (toujours pas nettoyé – et dont il se murmure maintenant que le nettoyage pourrait être financé par la mise en place de remblais sur l’Île-de-loisirs…), plusieurs occupations de gens du voyage, un cirque avec des animaux maltraités et ce festival.
Il est désormais temps de tourner la page et de construire un vrai projet pour et avec les habitants de l’ensemble de notre bassin de vie. Sans se limiter mais en privilégiant enfin l’aspect « nature » et « sportif » de notre Île-de-loisirs puisque c’est ce qui constitue son véritable charme.