Affaire McKinsey : Sherpa se constitue dans l’information judiciaire visant le cabinet de conseil
Le 3 juin 2025 – Dans un contexte d’influence croissante des cabinets de conseil, Sherpa se constitue partie civile dans l’information judiciaire visant McKinsey pour trafic d’influence actif d’agent public, détournement de fonds publics, favoritisme et recel de favoritisme.
Le 16 mars 2022, le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques établissait que les contrats passés entre l’État et plusieurs cabinets avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021.
McKinsey : une influence tentaculaire sur les politiques publiques
En novembre 2022, deux enquêtes sur les « conditions d’intervention des cabinets de conseil dans les campagnes de 2017 et 2022 » et sur « l’obtention de contrats publics par le cabinet de conseil » ont été ouvertes par le parquet national financier.
Il apparaît qu’entre 2018 et 2021, McKinsey a obtenu plus d’une quarantaine de missions pour le gouvernement et différentes agences de l’Etat, pour un total oscillant entre 28 et 50 millions d’euros. Les missions offertes à McKinsey couvraient notamment les thématiques des retraites, des aides au logement, ou encore l’ « avenir du métier d’enseignant·e ». Elles ont donné lieu à d’importantes dérives, une étude ayant ainsi été facturée près d’un demi-million d’euros, pour la réalisation d’un colloque qui n’a jamais eu lieu. (1)
Une vingtaine de consultant·e·s de McKinsey ont également, entre 2015 et 2017, réalisé plusieurs prestations pro Bono en faveur de Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, sans que ces prestations ne soient répertoriées dans les comptes de campagne du candidat. Les enquêteurs soupçonnent que l’obtention par la suite de certains contrats par McKinsey serait une contrepartie de cette prestation.
Mettre un terme aux pratiques prédatrices
L’influence exercée sur les politiques publiques par les cabinets de conseil privés en situation de conflits d’intérêts contribue à la capture de l’intérêt public par et pour les grands acteurs économiques.
Dans ce cadre, l’affaire McKinsey est emblématique de l’empiètement, par le secteur privé lucratif, sur les fonctions et rôles de l’État. Elle est également emblématique de l’opacité entourant ces pratiques, via notamment le système des « rescrits fiscaux » (2), qui a permis à McKinsey, entre 2002 et 2012, d’échapper presque intégralement au paiement de l’impôt.
Sherpa souhaite que toute la lumière soit faite sur l’influence illégitime de McKinsey sur les politiques publiques tout en œuvrant pour une initiative législative (3) permettant d’appréhender ce phénomène généralisé.
Notes
(1) Le Monde, 24 novembre 2022, « Deux enquêtes sur les liens McKinsey-Macron »
(2) Le rescrit fiscal est une procédure permettant à un contribuable d’obtenir une réponse opposable de l’administration fiscale sur l’interprétation d’un texte fiscal ou l’appréciation d’une situation de fait, garantissant ainsi une sécurité juridique.
(3) Janvier 2024 – Politiques publiques : Encadrer le recours aux cabinets de conseil, nos recommandations ; Octobre 2022 – Décryptage : Pourquoi et comment encadrer le recours aux cabinets de conseil dans l’élaboration des politiques publiques ?
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