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Ukraine : trois ans d’endurance

Légende : L’écrivain Artem Chapeye symbolise la lutte sans concession contre le régime Poutinien.

Le 27 février, environ 300 personnes se sont réunies, à l’amphi CERESE à Paris, pour évoquer les trois ans de guerre totale contre l’Ukraine, un pays souverain. Ce pays démocratique symbolise l’enjeu quasi mondial entre les tenants d’un ordre autocratique et ceux qui défendent un système démocratique.

Cette conférence inédite a été co-organisé par l’Institut ukrainien en France, la Bpi – Bibliothèque publique d’information et La Gaîté Lyrique, avec le soutien de Césure. Le soutien de l’ Ambassade d’Ukraine en France  a été primordial et a été concrétisé par la présence de l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire Vadim Omelchenko.

Trois ans après l’escalade de l’invasion russe sur l’ensemble du territoire ukrainien, la société civile reste la première cible de la terreur contre laquelle elle ne cesse de se mobiliser. Des femmes et des hommes en première ligne de cette résistance s’organisent pour préserver tout ce qui est humain, tandis que d’autres combattent sur le front et sacrifient leur vie pour la même raison.

Le panel réuni pour l’occasion représente tout ce que la culture et la société ukrainienne a de symbolique : Yuliia Iliukha est écrivaine et journaliste (1); Michel Hazanavicius est réalisateur et scénariste français (2); Iryna Tsilyk est également actrice et réalisatrice de plusieurs recueils de poésie(3); Artem Chapeye(4) est reporter et écrivain, engagé dans l’armée ukrainienne depuis février 2022. Iryna Dmytrychyn a animé les échanges de cette rencontre importante pour ceux qui suivent les événements tragiques en Ukraine.

« Tragedia » a été le terme utilisé par Iryna Tsilyk lors de la présentation et explication de son film « La Terre est bleue comme une orange » : c’est le quotidien d’une famille ukrainienne dans la zone de guerre; tous les membres de la famille souffrent mais malgré cela ils rient… ils vivent la guerre comme une sorte d’obstacle quotidien qui doit être surmonté car c’est la manière d’exister et de résister face à l’ogre russe. En réalité, des actes de guerre n’ont jamais été décrits mais on sent la bravoure et la résilience du peuple ukrainien.

Artem Chapeye, « un défenseur de la liberté et de la démocratie » (selon Michel Hazanavicius), a lu un extrait de son livre « Les hommes ordinaires ne portent pas de mitraillettes » pour expliquer que la guerre amène toute la société civile sur le front, le riche, le bourgeois, le pauvre, l’intellectuel et l’inclassable. Mais tous s’y retrouvent pour « défendre son prochain, armée à la main car c’est n’est pas une pêche« ; en outre, il faut cultiver son jardin de la liberté même sur le théâtre de la guerre. Les textes lus par Sophie Magnaud évoquaient des femmes qui endurent les effets de la guerre pendant la maternité(5), les fêtes de famille… voire l’absence longues au front, voire la morte de son(sa) compagnon(e).

Notes
1. Son livre Mes femmes (Éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2025,) a reçu notamment le prix BBC Book of the Year 2024.
2. En février 2025, il publie ses Carnets d’Ukraine (Allary Éditions), reportage de son séjour dans le pays en guerre, accompagné de dessins. Tous les profits de ce livre seront reversés à l’association United24.
3. Son film La Terre est bleue comme une orange (2020) a été primé à plusieurs reprises, notamment au festival du film de Sundance.
4. Son livre Les hommes ordinaires ne portent pas de mitraillettes (Bayard Éditions, 2024) a été sélectionné comme l’un des meilleurs livres de l’année 2024 par le journal Le Monde. En février 2025, il publie The Ukraine (Les Éditions Bleu & Jaune).
5. Voir à ce sujet « En Ukraine, devenir parent dans la guerre », page 32 et ss, Le magazine du Monde, n°701, samedi 22 février 2025

Justement la morte rôde dans le front et dans l’arrière du front, dans la vie quotidien des Ukrainiens. Mais, cela ne conduit pas à céder face à l’invasion russe. Lors des échanges, on a réellement senti « au fond qu’eux (les Ukrainiens) étaient en nous et nous sommes eux » selon l’expression de Michel Hazanavicius. Pourquoi continuer à se battre ? Non seulement pour l’Ukraine, mais pour notre démocratie et notre système de valeurs. En effet, continuer à se réunir et échanger librement même si parfois l’on se confronte sur certains idées comme l’on a fait après trois ans de guerre totale pour les Ukrainiens.

Artem Chapeye a mis un parallèle entre l’engagement ukrainien et la Résistance française. Quand on doit choisir entre résister ou se cacher c’est à chacun de nous de choisir. Artem Chapeye, lui, l’a dit clairement : « Moi, je suis fier d’être présent dans l’armée ukrainienne. » Soyons solidaires et rendez-vous à Lviv.

VIDEO : https://youtu.be/LlrKALxEYEs


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