La démocratie vaincue suite à la « Rébellion » américaine ?
Légende : C’est une question avancée par Robert Kagan, auteur du livre « Rebellion, How Antiliberalisme is Tearing America Apart », paru en 2024
Robert Kagan, professeur d’histoire et politologue américain(1), a clairement posé la toile du fond de l’histoire non seulement des Etats-Unis mais de la démocratie en Occident : la période dans laquelle nous traversons marquera-t-elle la fin de la démocratie ? Selon Robert Kagan, c’est probable car l’expérience américaine en termes démocratiques est basée sur l’idée lumineuse du siècle des Lumières : le libéralisme qui a engendré des régimes démocratiques où des droits individuels et l’état de droit prédominent. Des forces opposées au libéralisme, toujours présentes durant l’expérience américaine, ont conquis le vote de plus de la moitié du peuple américain. Désormais, selon sa thèse, la « déchirement » de la démocratie américaine semble inéluctable.
Depuis la fracassante formule, en 1992, de Francis Fukuyama sur « la fin de l’histoire » affirmant que la victoire de la démocratie et du libéralisme était irréfutable après la chute du Communisme, l’ histoire récente nous conduit plutôt à voir la fin de la démocratie dans la plupart des pays et notamment aux Etats-Unis d’Amérique.
Avec « Rebellion, How Antiliberalisme is Tearing America Apart » (2024, non traduit), Robert Kagan fait la démonstration que la première puissance du monde a perdu la bataille en termes de nature démocratique du régime. Depuis 250 ans, l’expérience unique dans le monde « lumineux » issu de la pensée des Lumières le bel édifice dédié à la prospérité où tous les hommes (et femmes) sont nés et créés « égaux » par des droits naturels évidents selon la formule consacrée. Or, ces fondations sont contestées par des mouvements et tendances antilibéraux » qui veulent détruire cette conception américaine de la démocratie. Depuis de la fondation de cette union fédérale, qui est une république en termes constitutionnels, trois fois (dans les années 1830, 1860 et 1960) cette confrontation a eu lieu entre ceux qui veulent une société démocratique « basée sur les idées des Lumières » et ceux qui ne croient pas que à cette conception américaine. Le président Andrew Jackson (1830), les Sudistes (1860 et après) et les Ségrégationnistes (1960) avaient lutté pour une société hiérarchisée où le WASP (White Anglosaxon Protestant) domine tous les aspects du quotidien.
La thèse de Robert Kagan se trouve renforcée au 21e siècle par la méfiance des élites, la déviance des élus progressistes » qui ont trahi les plateformes politiques avant de se faire élire. Pis, la désinformation et la mis-information ont achevé de détruire les bases de l’institution démocratique. En parallèle, les forces populistes ont engendré des contestataires, voire des révoltés de la démocratie en Amérique. Le « Tea Party » des années 1990, les trumpistes de la première heure (2012 et 2016) ont ravivé cette ancienne confrontation entres ceux qui veulent une démocratie représentative où prédominent les droits individuels et l’état de droit et les « révoltés » qui ont finalement abouti à déchirer les Etats-Unis d’Amérique : la fin de l’Union fédérale pourrait se concrétiser après la 2e présidence de Trump. En réalité, Donald J. Trump a été le véhicule de ce bouleversement structurel de la démocratie en Amérique. Le mouvement Make America Great Again (MAGA) se veut révolutionnaire, voire contre-révolutionnaire, en instituant le pouvoir des WASP dans tous les échelons de la société.
Est-ce la fin de la démocratie ? Peut-être que Trump sera le président qui aura contribué à la destruction de la démocratie en Amérique, mais l’histoire nous réserve des surprises comme c’était le cas pour Francis Fukuyama. Abraham Lincoln l’avait dit, en 1838, cette idée lumineuse est et doit être « perpétuée » par le peuple et pour le peuple. Mais il reste à savoir comment ?
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