Actualités

Journal des 2r : 01/09/2024(GPS&O, Ariane, Jeux Olympiques, Forums, Aubergenville, Epône, Les Mureaux, Triel…)

Edi­tion du 1er sep­tembre 2024 « Jour­nal des 2r » en vidéo, une spé­ciale « ren­trée 2024 », qui a été enre­gis­trée dans la cave du Tré­so­rier de l’association ADAIM en ges­tion de la Web­té­lé 2r aux Mureaux,…

lire plus

L’après législatives : après la démolition, la construction

par | 11 juillet 2024 | Poli­tique

Le centre de gra­vi­té du pou­voir est désor­mais à l’As­sem­blée natio­nale. (DR)

Suite aux résul­tats du 9 jui­let, le pay­sage poli­tique est dans une phase chao­tique et le moment est pro­pice pour une réflexion sur l’a­ve­nir de ce pays après le Macro­nisme. Voi­ci l’a­na­lyse de Paul Debou­tin, un ancien éléve de Science-Po. 

Si on résume les dif­fé­rents rap­ports de force et leur dyna­mique sur les der­nières années :
- le RN, bien qu’il échoue à arri­ver au pou­voir, mobi­lise désor­mais plus de 10 mil­lions de voix. C’est + que Le Pen aux pré­si­den­tielles de 2022. Glo­ba­le­ment, d’é­lec­tion en élec­tion, il se ren­force, sort de ses bas­tions et parle désor­mais à des élec­to­rats qui, jus­qu’à pré­sents, lui étaient her­mé­tiques
- la « gauche », unie ou non, et quelle que soit le par­ti arri­vé en tête en son sein, ne par­vient plus à dépas­ser le pla­fond de verre de30-35% des voix depuis 2014 lors des dif­fé­rents scru­tins natio­naux (pré­si­den­tielles, légis­la­tives, euro­péennes). De plus, son ancrage social est tota­le­ment contre-intui­tif : elle convainc davan­tage les CPS+ que les ouvriers ou les employés. Son coeur popu­laire ne se réduit pas, mais se pola­rise, recu­lant dans de vastes cam­pagnes popu­laires et de nom­breuses petites et moyennes villes
- le bloc éli­taire-macro­niste, s’il reflue pro­gres­si­ve­ment depuis l’ir­rup­tion de Macron en 2017, ne s’ef­fondre pas pour autant en termes de voix. Par contre, il doit sa sur­vie ins­ti­tu­tion­nelle au bar­rage répu­bli­cain et a per­du de sa force d’at­trac­tion dans les dif­fé­rents élec­to­rats qui com­posent son socle socio­lo­gique
- « l’a­no­ma­lie » que consti­tue Les Répu­bli­cains, par­ti sur­vi­vant tant bien que mal grâce à son noyau élec­to­ral for­mé de retrai­tés et de per­sonnes âgées qui sur­votent, est condam­née à cet immense para­doxe qui est d’être à la fois ins­ti­tu­tion­nel­le­ment sur­re­pré­sen­té (et donc dans un rôle stra­té­gique cen­tral) et, en même temps, condam­né à une lente ago­nie élec­to­rale.
La tri­par­ti­tion poli­tique du pays sort donc ren­for­cée. A l’is­sue des élec­tions, le blo­cage ins­ti­tu­tion­nel immé­diat à l’As­sem­blée arrange, d’une cer­taine façon, un peu tout le monde. Car celui qui aura à gou­ver­ner cet automne devra faire face à une grave crise bud­gé­taire et une réces­sion qui ne dit pas son nom, le tout sur­mon­té par la volon­té de l’UE de mettre le pays au pas, en enga­geant une pro­cé­dure pour défi­cit exces­sif.
Quel est donc l’a­ve­nir ? Sur la séquence à court terme, je penche de + en + pour le scé­na­rio fic­tion que j’a­vais écrit dans mon pré­cé­dent post : un gou­ver­ne­ment allant d’une bonne par­tie du PS à une par­tie des LR s’ap­puyant sur une majo­ri­té rela­tive et qui fini­ra par faire la même chose que ce qu’on connaît depuis 20 ans. Il y aura 2–3 trucs de lâchés par-ci par-là, mais le fond res­te­ra le même : s’a­dap­ter à la mon­dia­li­sa­tion, se confor­mer aux attentes de la Com­mis­sion euro­péenne, accom­pa­gner le déve­lop­pe­ment de la mar­chan­di­sa­tion de la socié­té.
Quand bien même la gauche arri­ve­rait par (je ne sais quel) miracle à demeu­rer unie et ins­tal­ler un gou­ver­ne­ment, elle se frac­tu­re­ra sur la ques­tion du bud­get et la résis­tance aux coups de pres­sion de l’UE. Outre que son pro­gramme com­mun, uni­que­ment axé sur la relance de la consom­ma­tion, ren­for­ce­ra des dés­équi­libres éco­no­miques qui fini­ront par étouf­fer les bien­faits de la hausse des salaires.
A moyen terme, l’a­ve­nir poli­tique dépen­dra des dyna­miques au sein de cha­cun des 3 blocs, et notam­ment de savoir lequel des 3 s’é­crou­le­ra le pre­mier sous le poids de ses contra­dic­tions internes :
- la gauche est tiraillée entre un bloc PS-EELV soli­de­ment pro-UE (et même pro-fédé­ra­lisme) et un bloc Insou­mis qui applique de + en + une syn­thèse entre un dis­cours éco­no­mique de gauche et une stra­té­gie élec­to­rale Ter­ra Nova (pri­vi­lé­gier l’ad­di­tion des votes des jeunes, des femmes, des mino­ri­tés plu­tôt que de bâtir une majo­ri­té popu­laire). Ces 2 ensembles sont trop diver­gents, trop dif­fé­rents, pour demeu­rer ensemble dans la durée, sauf à ce que l’un avale l’autre
- le bloc éli­taire va devoir construire l’a­près-Macron. Quel est le macro­nisme sans Macron ? Un bloc de dif­fé­rents élec­to­rats qui ont certes des inté­rêts com­muns, qui sont du côté de la France qui pro­fite de la mon­dia­li­sa­tion (ou qui y aspire). Mais ce bloc ne sur­vi­vra pas sans incar­na­tion. Il peut tout à fait écla­ter et recons­ti­tuer un espace divi­sé, consti­tué de divers par­tis cen­tristes concur­rents et d’un par­tiel retour au ber­cail pour le PS et LR. L’en­jeu est donc de main­te­nir la syn­thèse, de main­te­nir cette capa­ci­té qu’a eu Macron à fédé­rer autour de ce noyau micro­co­pique mais très influents des hautes élites du pays divers élec­to­rats (CSP++, retrai­tés, cadres)
- le RN a per­du bien des plumes dans la der­nière séquence. Sa cré­di­bi­li­té va être enta­chée. Mais sa base reste solide. Son prin­ci­pal point faible, c’est para­doxa­le­ment sa stra­té­gie conqué­rante d’u­nion des droites. Là où le RN consti­tuait jus­qu’i­ci un pro­gres­sif bloc popu­laire cohé­rent, uni­fié par son rejet des effets de la mon­dia­li­sa­tion, son rap­pro­che­ment avec LR et son réali­gne­ment sur la droite va le condam­ner à trans­for­mer son dis­cours, son récit et son pro­gramme. Au risque de se trans­for­mer en « traître » auprès de son élec­to­rat popu­laire.
Bref, tout ça est bien peu joyeux. La seule petite lueur d’es­poir que je vois, c’est qu’en­fin quel­qu’un sai­sisse les inévi­tables cra­què­le­ments qui vont se pro­duire au sein des blocs de la gauche et du RN pour consti­tuer un bloc majo­ri­taire qui se donne enfin les moyens de faire autre chose. Une poli­tique qui se donne ls moyens d’a­gir sou­ve­rai­ne­ment, de réin­dus­tria­li­ser le pays, de répondre à la demande forte de pro­tec­tion, de réta­blir une jus­tice fis­cale, de recréer un Etat orga­ni­sa­teur, de nous adap­ter à l’i­né­vi­table réchauf­fe­ment cli­ma­tique, de fédé­rer à nou­veau le pays autour de prin­cipes forts, de stop­per la fièvre iden­ti­taire qui veut com­mu­nau­ta­ri­ser le pays, de remettre de la démo­cra­tie directe, bref d’à nou­veau vivre dans un pays sou­dé et fier d’être un éter­nel tour­billon d’in­dé­pen­dance et d’in­ven­tions.

Texte aché­vé le 10 juillet et pro­po­sé par Paul Debou­tin

 

Aider notre jour­nal indé­pen­dant en sous­cri­vant à l’a­dresse sui­vante. Par avance mer­ci : https://fr.tipeee.com/les-2-rives-yvelines

Share This
Verified by MonsterInsights