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Le 11 novembre, à Triel-sur-Seine, le souvenir en héritage

Légende : des écoliers de Jean-de-la-Fontaine ont chanté la Marseillaise.

Dans le cimetière de la ville de Triel-sur-Seine, une cérémonie de commémoration du 107e anniversaire de l’Armistice de 1918 s’est tenue dans la matinée du samedi 11 novembre. Ce texte est une contribution de Mathias De Almeida.

Une fois par an, Triel se rassemble pour se souvenir. Ce 11 novembre au matin, un léger brouillard flotte encore sur le cimetière de Triel-sur-Seine lorsque les premiers habitants arrivent, tous vêtus d’habits chauds et imperméables, inquiétés par un ciel gris menaçant. À 10 h 30, le rassemblement débute devant le monument aux morts, décoré de fleurs rouges, blanches, jaunes et roses. Sur la pierre, une inscription rappelle la raison de leur présence : « Triel à ses enfants morts sous les drapeaux ». La cérémonie, présidée par le maire Cédric Aoun, s’ouvre à 10 h 45. Les porte- drapeaux se mettent en position, le président national de l’Union des anciens combattants prend la parole. D’une voix forte, il commande : « Garde à vous ! Attention pour les couleurs ! Envoyez ! » Trois drapeaux, français, britannique et américain, s’élèvent lentement dans le ciel tandis que résonne la Marseillaise

Dans son discours, il rend hommage aux soldats tombés « pour que vive notre identité collective », évoquant Georges Clémenceau, « le Père de la Victoire », et rappelant l’ampleur du drame : dix millions de morts sur soixante-dix millions de soldats mobilisés. 

Le maire prend ensuite la parole : « Triel se dresse fièrement pour la République. » Son discours émouvant salue les Triellois morts au front. Autour de lui, rares sont ceux qui gardent la tête haute. Puis vient le message de la ministre des Armées, Catherine Vautrin, retransmis par Gilles Gaillard, le 5e adjoint du maire, qui rappelle les 1,3 million de Français tués et les 4 millions blessés pendant la Grande Guerre. 

Les enfants de la mémoire 

Le moment le plus fort survient lorsque s’élève la voix d’une fillette de huit ans. D’une voix timide, elle lit un à un les noms des soldats triellois tombés pour la France. Après chaque nom, une vingtaine d’enfants lui répondent en chœur : « Mort pour la France. » Le silence du cimetière se charge d’émotion. Certains baissent la tête, d’autres la relèvent, notamment les parents regardant leur enfant chanter ensemble la Marseillaise

Autour, les anciens combattants, en uniforme et couverts de médailles, observent les plus jeunes. À leurs côtés, des jeunes sapeurs-pompiers et des membres du conseil municipal des jeunes brandissent fièrement leurs drapeaux, même si tous ne mesurent pas encore la gravité du moment. L’un d’eux, un petit garçon d’une dizaine d’années, fixe ses pieds, le regard perdu. Le contraste est saisissant : les enfants, parfois distraits, aux côtés des anciens, bien plus émus.

Un père s’éclipse un instant, rattrapant son fils parti jouer avec des pommes de pin derrière le portail. Parmi les adultes présents, Michel Berthomieu, directeur de l’école Jean-de-la-Fontaine, accompagne une douzaine d’élèves. « C’est important qu’ils soient là, explique-t-il, le devoir de mémoire se transmet par la présence.» Il explique que la participation de jeunes permet la mobilisation d’un plus grand nombre de personnes : « pour dix enfants, on compte vingt parents », déclare-t-il. 

Son observation résume l’esprit de la matinée : une commune entière réunie pour que les plus jeunes saisissent l’importance du mot “paix”. À 11 h 30, après le dépôt des gerbes, la cérémonie s’achève. Le maire serre la main d’un colonel des pompiers, en signe de gratitude. Les drapeaux s’inclinent une dernière fois. Le silence revient sur le cimetière, avant que les conversations ne reprennent doucement entre les habitants de cette petite ville. En ce 11 novembre 2025, Triel-sur-Seine a rendu hommage à ses disparus tout en soulignant l’importance de transmettre leur mémoire aux générations futures. 

Contributeur au J2R : De Almeida Mathias