LETTRE OUVERTE À MONSIEUR FABIEN AUFRECHTER, MAIRE DE VERNEUIL-SUR-SEINE.
Légende : Le campement de roms a fait l’objet d’un débat public et politique depuis des années dans les communes de Triel-sur-Seine et Verneuil-sur-Seine.
Monsieur le Maire,
Vous vous êtes félicité d’avoir procédé à l’expulsion des familles Roms installées sur un terrain non aménagé pour l’ouverture au public situé derrière la station d’épuration et ce, malgré une prétendue « obstruction de la Ligue des Droits de l’Homme ».
Notre section de la LDH a été particulièrement choquée par ces méthodes et par les accusations que vous avez proférées à son égard. Elle entend donc vous faire connaître sa réponse.
Les prétextes avancés pour justifier l’expulsion sont notamment « la protection des familles en souffrance » et le trouble à l’ordre public ». Notre section ne comprend pas comment une expulsion peut mettre fin par elle-même à la souffrance des familles et en quoi l’ordre public pouvait être aussi sévèrement menacé par leur implantation à cet endroit.
D’ailleurs, contrairement à ce que vous laissez accroire, le problème de la résorption de ce bidonville était déjà parfaitement connu et traité au niveau de l’État, notamment la DDETS et toutes les personnes publiques ou privées concernées dont la LDH. Il est vrai que les solutions prenant en compte les droits de chacun et la dignité humaine sont longues et compliquées à mettre en œuvre. Il est certes beaucoup plus facile et payant auprès d’une certaine frange de l’électorat de procéder à une expulsion massive qui ne fait que déplacer le problème sur d’autres communes.
Nous laisserons donc à chacun le soin de juger les méthodes employées.
Cela dit, vous prétendez que votre glorieux fait d’armes a été mené malgré « l’obstruction de la Ligue des Droits de l’Homme ». Le terme est fort, il implique une opposition délibérée de notre association à toute décision légalement prise. Nous vous demandons donc d’apporter la preuve de notre prétendue obstruction.
En revanche, vous paraissez faire peu de cas de la justice de notre pays en préférant passer en force plutôt que d’attendre une nouvelle décision. Si le juge n’a pas jusqu’ici accédé aux demandes d’expulsion qui lui ont été soumises par l’Administration, cela ne constitue en rien une « obstruction » de notre part. Fidèle à ses principes, la LDH s’est contentée d’informer les occupants sur leurs droits individuels et humains les plus élémentaires, droits que toute administration, y compris la vôtre, est tenue de respecter.
C’est certainement l’application de ces principes qui motive votre ressentiment envers la LDH, lequel s’est déjà manifesté l’an passé par la suppression totale de toute subvention communale et a continué à se manifester par des propos que nous considérons comme malveillants à tout le moins sinon haineux.
Faut-il rappeler que notre association créée en 1898 il y a plus d’un siècle, reconnue d’utilité publique la même année, a pour objet de promouvoir le respect de la personne humaine sans distinction de son origine, de sa couleur ou de sa religion.
Faut-il rappeler que notre section de Verneuil-sur-Seine créée en 2012 (bien avant votre mandat) s’est toujours fortement impliquée auprès des écoles, notamment, mais pas seulement, celles de Verneuil, dans la diffusion des principes qui gouvernent notre République : Liberté, Égalité, Fraternité auxquels il faut ajouter Laïcité, au travers de thèmes adaptés aux enfants : halte à la violence, égalité garçons-filles, lutte contre le harcèlement, droits des enfants…
Restant persuadés que le rappel de ces principes auxquels nous croyons fermement, permettra de clore nos dissensions, nous vous prions d’agréer Monsieur le Maire, l’expression de notre considération.
Verneuil-sur-Seine, le mardi 4 février 2025.
Pour la section
Manuel Eloire, président
Dominique Pansart, trésorier
Véronique Deutsch, secrétaire
Laisser un commentaire