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Octave Mirbeau : source d’inspiration de Catherine Delaunay avec son dernier opus

Jean Rochard, le producteur du double album du label Nato, a répondu aux questions du J2R sur ce double disc qui sortira le 9 janvier 2026.

Quelle est la genèse de cette démarche artistique et/ou littéraire ?

La clarinettiste et compositrice Catherine Delaunay habite aux Damps en Normandie, village où Octave Mirbeau a vécu de 1889 à 1893. L’écrivain a ensuite demeuré à Carrière-sous-Poissy, Cormeilles-en-Vexin, puis Triel-sur-Seine.
La salle des fêtes des Damps porte le nom de Mirbeau, à l’instigation du maire d’alors, René Dufour. C’est en découvrant, dans une publication, quatre tableaux de Camille Pissarro représentant le jardin d’Octave Mirbeau aux Damps que le déclic eut lieu. S’ensuivit la recherche de la maison où Mirbeau élut domicile. Soudain, ce « nouveau » voisin de Catherine Delaunay suscita un rapprochement immédiat avec force lectures (romans, critiques, correspondances, analyses) et conversations et, assez naturellement, vint l’idée de faire un album discographique. Nous avons informé Pierre Michel, historien ayant constitué une somme colossale et éclairante sur l’écrivain ; il nous a aidés avec grâce. Le passage de Mirbeau aux Damps nous a semblé contenir nombre de clés inspiratrices : ses passions pour l’impressionnisme, son orientation anarchiste, le choc Van Gogh et les écrits passionnants de ces années-là (romans, chroniques et débuts d’écriture théâtrale) et ses nombreuses et fortes amitiés (Monet, Pissarro, Rodin, Mallarmé, Séverine, Jean Grave, Gauguin…).

Comment transcrire les œuvres d’Octave Mirbeau sur des autres supports comme celui que vous utilisez ?

Mirbeau est un écrivain et une personnalité essentielle à la compréhension de la fin du 19e siècle et du passage dans le 20e siècle. Tant sur le plan social que sur le plan artistique, il est extraordinairement conscient et visionnaire. Il fait état des abus sexuels dans les écoles privées, pétitionne pour l’avortement ou l’écologie, s’oppose à la peine de mort et aux lois scélérates et défend les ouvriers de sa localité. Sa passion pour la peinture et la sculpture génère des commentaires magnifiques. De plus, il aimait énormément la musique. Toute cette matière a fourni une large inspiration à l’esprit aussi vivace que créatif de Catherine Delaunay. L’évocation musicale n’est pas, à proprement parler, figurative ou descriptive, mais elle permet d’aller très sensiblement vers les êtres évoqués. Et Catherine Delaunay ressent ces choses formidablement. Et puis, parfois, dans ces deux disques (c’est un double album), il y a des mots, chantés par Anamaz, Sébastien Gariniaux ou Olivier Thomas, et quelques extraits de textes de Mirbeau dits par la grande comédienne de théâtre et de cinéma, Nathalie Richard.

Enfin, quel est le message principal de votre œuvre artistique ?

Catherine et moi-même (qui suis le producteur du disque) sommes en plein accord sur le fait que la musique parle constamment du monde et est à son écoute. Elle est un langage fort, dépassant le simple divertissement.

L’Homme des Damps de Catherine Delaunay qui consiste en une rencontre musicale entre elle et l’écrivain Octave Mirbeau. (Photo Gérard Boisnel)