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Le citoyen, l’État et la collectivité locale

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Les crises ont cette faculté de révéler ce qu’il y a de meilleur et parfois de pire en chacun d’entre-nous et en nos sociétés. La pandémie à laquelle nous faisons face, et qui risque fort de durer, ne fait pas exception.

Nous publions ci-dessous la tribune de Pierre Luce, référent de LaREM.

La population française fait preuve d’une résilience exceptionnelle. En quelques jours, nous avons accepté de nous priver temporairement de l’un de nos droits fondamentaux, celui de circuler librement. Hors période de guerre, c’est un évènement inédit. Nous avons dû mettre fin à la majeure partie de nos activités sociales, familiales, professionnelles parfois. Les écoles, collèges, lycées, universités ont fermé, sans que l’on sache pour combien de temps ni comment la scolarité de nos enfants se poursuivrait. Y a-t-il eu des loupés, des communications imprudentes ou contradictoires, certains comportements inconscients ? Sans doute. Mais nous retiendrons qu’au moment de sauter dans l’inconnu, les Français ont fait face et ont fait preuve de responsabilité et, dans leur très grande majorité, de civisme.

Plus encore, les travailleurs indispensables, certains dont on aurait pourtant excusé l’absence ou l’exercice de leur droit de retrait, ont poursuivis sans relâche : dans les commerces alimentaires, la logistique, la sécurité, dans nos services publics, les personnels d’entretien, les éboueurs, le personnel soignant, évidemment, dont le courage et l’abnégation sont salués tous les soirs à 20h à nos fenêtres et balcons. Nous avons vu se construire de nouvelles solidarités, parfois inattendues, toujours tendrement et profondément humaines. La privation a cela de bon qu’elle force l’imagination. Si l’on ne supporte pas plus l’ennui que la détresse d’autrui, occupons-nous des autres : ici on fait des courses pour ses voisins, là on forme un atelier de confection de masques ; ici on livre des paniers de légumes aux plus démunis, là on aide les familles en difficultés à suivre les cours à distance. Des actes éphémères, ponctuels parfois, mais dont le souvenir restera gravé dans notre mémoire collective. Les Français n’ont pas seulement fait face : ils ont fait front, ils ont fait Nation en exprimant leur désir de vivre-ensemble. Et ce faisant, ils ont rappelé qu’ils étaient des Citoyens et pas seulement des habitants.

Ils n’auraient pu le faire sans la sécurité apportée par un Etat réactif et courageux dont les mesures de soutien exceptionnelles ont su les rassurer : chômage partiel massif pour plus de 11 millions de salariés, soutien aux petites entreprises qui forment l’essentiel de notre tissu économique par des annulations de charges, aide aux plus démunis. La République sociale a développé toute sa palette d’outils avec une efficacité dont on aurait pu douter qu’elle soit possible quelques mois plus tôt. Ignorant ceux qui voient dans cette crise le crépuscule d’un système politique et économique, les mêmes qui pour le monde de demain, aujourd’hui comme hier, ne savent que proposer des remèdes du passé, l’Etat n’a pas tremblé dans la décision, n’a pas failli dans l’exécution. L’Etat centralisé a ainsi montré sa capacité de réaction rapide.

Mais il a aussi montré ses limites : prendre une décision uniforme sur le territoire national (homogénéité des interdictions, incapacité à saisir les cas particuliers) c’est apporter toujours la même réponse à des questions différentes ; l’éloignement quasi-dogmatique entre certaines administrations centrales et la réalité du terrain érodent le pacte social ; enfin, l’incapacité à relayer les initiatives citoyennes affaiblit la démocratie et la confiance.

C’est à ce moment que la Collectivité Locale, qu’elle soit commune, intercommunalité, département ou région intervient, en complétant son rôle de relais et d’engrenage territorial par une force mobilisatrice indispensable. Au contact de la population, elle a su catalyser les énergies, les réseaux de solidarité, en diffusant les informations, en participant activement à la prévention sanitaire, en touchant mieux du doigt les particularités de chaque territoire, de chaque situation. En palliant parfois ces manques inévitables quand une décision est prise à cinq-cents kilomètres de son lieu d’application. Les communes, les intercommunalités, les départements, les régions : la plupart ont saisi avec esprit de responsabilité, leur rôle. Elles ont assumé sans esprit de polémique les charges qui leur ont été transmises, déléguées par un Etat conscient de ses limites.

Nous affronterons d’autres crises. Elles seront sanitaires, économiques, climatiques, sociales, politiques. Celle-ci n’est pas finie, ses conséquences se feront sentir longtemps et nous n’aurons peut-être pas l’occasion de nous reposer avant la suivante. Dès maintenant nous devons tirer les conséquences de l’expérience politique que vous venons de vivre : le Citoyen, la Collectivité locale et l’Etat forment un triptyque fort et indivisible. Nous serons capables de franchir les obstacles à venir pour peu que ce nouveau contrat, cette nouvelle responsabilisation de chacun, se mette en place durablement, et sans attendre.