L’ou­ver­ture du Musée natio­nal de l’im­mi­gra­tion a conduit à des plans de com­mu­ni­ca­tion qui inter­rogent. Voi­ci une tri­bune d’An­dré Bel­lon, édi­to­ria­liste du site Inter­net « Pour une 6e Répu­blique ».

Ce qui est extra­or­di­naire dans l’affiche pré­sen­tant Louis XIV comme un immi­gré, publiée par le Musée natio­nal de l’histoire de l’immigration, n’est pas seule­ment la tor­sion imbé­cile de l’Histoire. Les familles royales se mariaient entre elles, his­toire de mar­quer les alliances inter­na­tio­nales, d’ailleurs sou­vent tem­po­raires et fra­giles. Marie-Antoi­nette, célé­brée au départ comme la reine popu­laire ne devint-elle pas « l’autrichienne » ?

Ce qui est grave et dan­ge­reux, dans cette cam­pagne, qui plus est por­tée par un organe offi­ciel, c’est qu’elle détruit la notion même de Fran­çais. Y‑a-t-il encore un droit du sol ? Dans cette pers­pec­tive, Kyl­lian Mbap­pé, né et éle­vé en France, n’est plus un fran­çais mais un « étran­ger qui fait la France ». Mesure-t-on la vio­lence de ce ren­voi d’un indi­vi­du à une iden­ti­té éter­nelle trans­mise par le sang ? A vou­loir noyer toute défi­ni­tion de la natio­na­li­té et de la citoyen­ne­té dans la mise en avant per­pé­tuelle des « ori­gines », réelles ou sup­po­sées, des per­sonnes, on risque d’aboutir à l’effet contraire, c’est‑à dire à ren­for­cer ce qui dis­loque la socié­té et, in fine, les motifs d’hostilité à toute immi­gra­tion.